"L'Italie si j'y suis"

août 01, 2012


Mon nom est Sandro.
Sandro, parce que c'était celui d'un poète qui vivait dans la Rome d'après guerre et que mon père le lisait, le relisait, me le récitait à voix haute tandis que moi, la poésie, je n'y comprenais pas grand chose. A cause des culottes trop courtes... mais de l'entendre lire, me dire qu'il m'avait donné le prénom du poète, cela m'impressionnait. J'avais le sentiment d'avoir été touché par la grâce. Je m'imaginais les Muses penchées au-dessus de mon berceau qui m'envoyaient des baisers tendres. Avec le temps, j'ai compris que la grâce n'était pas nette.
Elle perdait ses dents
vivait recluse et entourée de tableaux de peintres de son époque
geignait qu'on ne reconnaissait pas son talent.
Dans un de ses derniers poèmes, Sandro - pas moi, le poète, j'entends - écrivait :
Ed io non mi ricordo più chi sono
Et moi, je ne me souviens plus qui je suis
Ces derniers temps, ce vers résonne en moi, il est un écho de ce que j'éprouve et jamais il ne quitte ma bouche. Mes lèvres font barrière. Le vers bute contre. Ainsi, que je le veuille ou non, je suis lié à cet homme.

Premières lignes du roman "L'Italie si j'y suis" de Philippe FUSARO

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